"Ne négligez rien de tout ce qu'on pourra vous rapporter, faites attention à tout."

Sun Tzu, l’art de la guerre article neuf, De la distribution des moyens.

Pimprenelle

 

Elle réajusta sa jupe, sa mini jupe. Elle sirota son sirop à l’eau et attendit 11h46. Dans deux minutes elle recevrait le code.

Elle ouvrit le torchon de papier qui venait d’arriver sur sa table. Le journal du jour froissé, elle tourna les pages, combattant chaque feuille froissées par de grands coups de mains. Elle tomba sur une petite annonce entourée de rouge .

Cherch : j. F. , 8 ans pour greffe- Versus-grosse somme d’argent-5-8-2-2-4-1 à11h48.

Elle referma le tas de papier et le plia nerveusement.

Elle regarda sa montre 11h47. Il est temps de se préparer. Elle fouilla alors dans sa sacoche et sortit un ordinateur portable et le brancha à son téléphone portable. Elle alluma le nano-computer portable, connecta le modem et alla sur un site Internet "www.gargamail.com :la messagerie gratuite".

Le téléchargement du site se fit vite. Elle composa alors le nom de code du e-mail professionnel laissé sur l’annonce

Entrée

Nom de code.

Elle pensa un moment à autre chose puis elle se mit à frapper sur le minuscule clavier;

- Versus

Le code numérique fut accepté.

Un autre code d’entrée lui fut alors demandé. Elle regarda un instant l’annonce entourée en rouge et recopia une série de chiffres : 582241.

Ouverture du fichier

Elle entend près d'elle un couple se disputer, ils chuchotent parle certainement d’amour. Un homme avec un attaché case au pied l'air tendu et une femme évaporé dans ses pensées plutôt "artiste".

Pimprenelle déteste ce genre de discussions, elle sait où cela mène. Près d’elle une femme et sa gamine, elles attendent quelqu’un, sûrement le géniteur pense Pimprenelle. La mère est nerveuse, la petite ennuyée.

Pimprenelle sourit à la gamine, sourire de connivence, adressé à l’enfant, elle aussi a connu cela, les histoires d’amour finissent mal et c’est toujours les enfants qui en pâtissent. Triste sort ! Elle en a toujours voulu à ses géniteur d'avoir fait passer leurs préoccupations personnelles avant elle.

Elle rêve un instant, puis ses yeux se fige sur l’écran.

La réponse vient d’apparaître.

Il s’agit d’un contrat, un gros, un contrat exceptionnel.

Elle reste songeuse. Elle répond à l’envoyeur aussitôt en pianotant sur le clavier.

- 15 000 dollars sur un compte en Suisse et 15 000 dollars sur un compte aux Bahamas.

Pimprenelle sentait que le marché était gros, elle se sentait audacieuse, mais elle avait le pressentiment, que son employeur, avait les yeux très gros, plus gros que le ventre sur ce coup, elle ne devait pas louper sa part !

Le code sanguin était très rare, et le numéro que l’employeur demandait, ce numéro qui correspondait à un code génétique particulier, unique, comme tous les codes génétiques, lui faisait que dire que le contrat semblait unique et qu' une seule personne correspondait réellement à l’attente de ce contrat.

Elle vérifia son message et appuya sur "entrée" pour l’envoyer.

Elle regarda l’icône partir et décida de sortir un paquet de cigarettes. Elle alluma l’une des longues tiges de tabac et inspira. Elle sentit la fumée entrer dans ses poumons et un léger picotement venir jouer avec sa langue elle aspira une gorgée de sirop à l’eau pour calmer un instant ce doux remue ménage dans sa bouche et s’évada un instant dans ses pensées.

Elle laissa son regard errer dans quelques coins, regarda un moment le décor qui l’entourait, admirait les poutres en bois vernis et le travail de ponçage puis observa tranquillement les personnes qui l’entouraient, avant de finir par poser son regard près d’elle sur la petite, la gamine.

La fillette la regardait avec de grands yeux.

Pimprenelle sourit machinalement, puis elle se demanda pourquoi elle avait fait cela.

Il était vital qu’elle déteste les enfants.

La porte s'ouvrit, le carillon de la porte résonna.

Pimprenelle entendit le bruit de la clochette qui s’excita deux fois frénétiquement. Pimprenelle ne supportait pas ce bruit, le bruit en général, et encore moins celui des lieux publics, mais aujourd’hui elle fait avec.

Pimprenelle était agoraphobe.

Les clients du bar se sont figèrent comme si les personnes qui venaient d'entrer aspiraient toute leur attention. Curieux pensa telle....

Une femme avec des lunettes, coiffée d’une perruque passa en jetant un coup d'œil rapide dans l'arrière salle où Pimprenelle et quelques clients anonymes se trouvaient. Elle devait chercher quelqu’un...un amant, un tueur, qui sait, l’imagination de Pimprenelle courait vite, traçant de nombreux scénario.

Pimprenelle reconnaissait vite les perruques, elle en portait souvent pour son travail. La mascarade était un élément vital pour sa survie. Elle adorait se déguiser, ne pas être reconnue, sûrement une envie de ne pas être elle, de ne pas accepter ce quelle faisait.

Un nouvel écran Internet explosait du portable, la réception du message surprenait Pimprenelle.

" Nous sommes d’accord avec vos tarifs prohibitifs, nous vous attendons à Villejuif à Noël, dans quatre jours, amenez-nous le cadeau comme prévu, le père Noël le récupérera".

Pimprenelle enregistra la note et le code d’émission, on est jamais trop prudent, elle canalisa l'information sur un site privée et crypté qui lui servait de bureau international sur le net, elle y enfouissait tous ses secrets au cas où un jour il faudrait monnayer sa retraite!

Pimprenelle ferma le nano-computer et souffla.

La fillette était devant elle debout. Pimprenelle sursauta.

Elle devait avoir huit ans, elle était belle, avec de grand yeux des cheveux bouclé, un vrai visage d’ange tout droit sorti d’un dessin animé manga pour enfant.

Elle souriait.

- C’est un bel ordinateur dit la petite avec un air de grande personne et des mots très recherchés.

- Elle vous ennuie ?

La maman, nerveuse, malheureuse, une jolie femme au cheveux bleus s’approcha et prit l’enfant entre ses bras.

- non...

Pimprenelle hésita, elle devait détester les enfants, les haïr, sinon comment ferait-elle pour travailler.... non laissez là, ce n'est pas grave.

Un homme s’approcha. Le père de la petite. Il venait d'arriver d'entrer dans le bar, il précédait la femme à la perruque, mais ils ne semblaient pas se connaître.

Il embrassa la petite et tenta d’embrasser sa femme, ou sa compagne. Elle refusa.

Plusieurs souvenirs alors passèrent dans la tête de Pimprenelle : son passé, ses parents déchirés, la garde mutuelle, ils n’en sont qu’au premier acte pensa aussitôt Pimprenelle. Elle devait préserver l’enfant, elle se retrouvait en cette enfant.

- Tu n'embêtes pas la dame Céline ! elle travaille.

La femme sourit de remerciement à Pimprenelle et rejoignit l’homme qui l’attendait.

- Il y a des jeux sur ton ordinateur?

- Non je travaille avec dit froidement Pimprenelle qui voulait rester hermétique un maximum, ne pas laisser un seul sentiment s’échapper d'elle. Mais l’enfant semblait savoir lire en elle, la comprendre, elle la dévisageait comme si elle puisait dans les moindres gestes de Pimprenelle une forme de communication.

- J’aime beaucoup les ordinateurs, maman m’apprend à m’en servir, elle dit que c'est en connaissant le potentiel et la connaissance de l’information que je réussirais.

L’enfant est intelligente et futée pensa Pimprenelle. Elle parle bien, très bien, elle est éveillée, Pimprenelle admirait. Elle qui avait l’habitude de travailler avec les enfants, elle se trouvait devant une perle.

- C’est bien ! répondit lamentablement Pimprenelle qui se sentait comme attaquée, par la petite, tiraillée par l’envie de pouponner, de discuter, de s'ouvrir, d’éclater la carapace et celle de se protéger du monde.

- Toi aussi tu es informaticienne ?

Une femme rit.

Pimprenelle étonnée chercha la femme qui poussaient ce curieux éclat de rire , un rire si cynique, si mauvais, si faux, si effrayant. Peut -être se trompait telle, peut être cette femme était elle heureuse... quelle chance elle a...Chacun peut interpréter un rire à sa façon pensa t-elle tout dépend de l’état dans lequel on est au moment présent.

- Tu es quoi alors? la gamine reprenait le dialogue, elle était curieuse, ou tout simplement une enfant.

- Je suis docteur fit pimprenelle un peu nerveuse, un peu énervée pour l’attitude de cette gamine.

La petite alors eut peur.

Pimprenelle ne comprit pas cette répulsion, elle craignit alors un instant que l’enfant ait lu dans ses pensées, et qu'elle ait deviné.

- Tu n’aimes pas les docteurs ? dit-elle d’une vois douce

La fillette en répondit pas, c'était à son tour de se fermer et de baisser la tête.

- C’est les piqûres ! dit pimprenelle en souriant,

L’enfant sourit de honte, elle comprit alors que Pimprenelle n'était pas un méchant docteur.

Pimprenelle aurait pu lui dire qu’elle était une spécialiste pour endormir les gens, leur faire des piqûres, elle était un peu le marchand de sable des médecin et quand elle plantait une veine, jamais la douleur ne se réveillait, car elle endormait les petits enfants ....

Mais non, elle ne voulait pas être rassurante, elle ne voulait pas, être gentille, non !

Le couple alors près d’eux se mit à se disputer. La maman de la fillette et son père montèrent d’un ton, ils étaient passés à l’acte deux, pensa Pimprenelle, l'acte où la machine, l’arène commençait à se profiler, et le combat allait commencer, pour avoir la garde....

Pimprenelle se vit trente ans auparavant, pleurer dans sa chambre, seule, elle se voyait souffrir pour ses parents, elle se voit souffrir avec le premier garçon qui l’avait embrassée sur la bouche, elle avait eu peur qu’un jour, qu’un jour...ils se séparent.

Elle n’avait jamais pût concevoir une relation durable, elle n’avais jamais compris l’amour que dans les cadeaux de ses deux parents et dans cette compétition qu'ils menaient pour satisfaire l’enfant qu’ils avaient éparpiller en dix mille morceaux.

- Tu t'appelles comment ? elle tenta d’attirer l’attention de la petite, de faire en sorte quelle ne voit pas ses parents se déchirer lamentablement devant elle.

Pimprenelle devait sauver la petite, l’espace d’un moment, la protéger lui faire penser à autre chose, lui cacher que les deux personnes qui l’aime sont en train de se déchirer.

La petite sur une autre planète se réveilla difficilement et alors répondit par automatisme, vide de vie, vide de sens.

- Céline Louis Ferdinand.

Pimprenelle lui sourit hypocritement, sa mère ne l’avait pas gâtée avec un nom pareil.

Mais l'enfant regardait ses parents, elle voyait bien que c’était comme à la maison mais en pire, elle avait bien vu sa maman, avec sa valise, sa valise mickey, celle qui traînait à ses pieds, celle qu’elle avait amené dans le bar.

Elle avait bien vu sa maman ranger ses affaires, elle savait ce qui se passait, elle partit vers la première salle loin, loin du bruit des injures, des pleurs, de la réalité.

Céline comprit et respecta son silence et sa fuite. Elle eut de la peine, beaucoup de peine.

Pimprenelle observa la douleur de l’enfant, et voulut l'aider, mais que faire, l’endormir, elle ne savait faire que cela, endormir les enfants, non, elle préféra se taire et laisser cette enfant dans sa douleur. Elle regarda ses yeux exploser en de milliers de petits feux d’artifices, comme un rêve qui se brise.

Bruit de vaisselle qui s’écrase sur le sol, de verres qui se fracasse, d’un plateau qui roule et des pardons qui fusent.

Silence, les gens regardèrent, les curieux s’acharnaient à savoir tout, à avaler le moindre détail du regard.

Pimprenelle observait ces prédateurs de l'information qui se déchaînaient pour tout regarder savoir : curiosité, vice, voyeurisme, qui pouvait savoir si cela ne faisait pas partie de l’instinct de l’homme....

Pimprenelle regarda en direction de l’accident, deux femmes, dont la serveuse, ramassaient les débris du carnage, de l’accident, visiblement la femme avaient bousculé la serveuse et maintenant n’arrêtait pas de s'excuser, mais quelque chose choque Pimprenelle....

C'est un flic.

Pimprenelle sentait les flics à dix mètres à la rond et celle-ci en était une, elle portait une perruque, une oreillette et en se penchant on voyait son arme de service, planqué au creux de ses seins calé sous son aisselle.

Il était temps de partir, ça puait dans ce bar, quelque chose ne tournait pas rond, c'était comme si.... non il ne faut pas devenir parano non plus... mais il y a un danger ici, Pimprenelle le sentait.

Elle rangea son matériel et commença à plier le camp, elle fouilla un instant dans sa poche pour déposer la monnaie juste la monnaie.

Pimprenelle détestait dépenser son argent, elle était radine comme dirait son employeur mais elle avait peur, être intermittente du massacre ne lui permettait pas de survivre cent sept ans, elle devait économiser.

Pimprenelle se leva et se dirigea vers la deuxième salle.

Une femme la suivait. Une femme look pute en civil, en face d’elle, se leva en même temps. Depuis un instant déjà elle la surveillait, pas de doute....on la suivait.

Pimprenelle se sentait mal.

Elle passa devant Céline qui était devant les deux femmes qui ramassaient les débris de verre.

- Au revoir Céline, j’espère que tu n’a plus peur des docteurs maintenant.

La petite dit non de la tête et tira sur la jupe de Pimprenelle pour l’embrasser. Pimprenelle fut surprise mais elle accepta et tendit sa joue sur laquelle la petite écrasa se lèvre humide.

Dégoûtant pensa Pimprenelle qui s'essuya d’un revers de la main la bave laissée par la petite, une bave humide et collante... puis Pimprenelle se dirigea vers la porte.

Elle passa devant une autre femme au bar, avec une perruque et une oreillette, un autre flic. Elle accéléra le pas.

Des flics, devant elle .... devant la porte, des policiers en civil et en uniforme venaient d’arrêter net des voitures aux gyrophares devant la porte, serait elle faite ?

Derrière elle, du bruit, une table se renversa, un homme tomba, deux femmes était à cheval sur lui, l’une d'elle la première femme à perruque celle qui était entrée dans le bar tout à l’heure lui planta une seringue dans le dos, l'autre la policière, se débattit avec sa perruque, elle lui bloqua les mains dans le dos, l’homme était au sol.

Pimprenelle comprit qu'elle devait fuir, et regarda une dernière fois Céline qui regardait le spectacle dans un coin du bar, Pimprenelle aurait voulu la serrer dans ses bras la calmer, mais elle hésita ce n'était pas son travail mais celui de ces adultes qui se déchiraient comme des enfants de l'autre coté. La fillette est tétanisée, elle était partagée entre la peur et l’émerveillement.

Pimprenelle eut juste le temps de voir l'homme venait de glisser quelque chose dans sa poche.

Les policiers bloquèrent la porte, mais laissèrent passer Pimprenelle, la femme flic demanda de l’aide, un brancard arriva.

Pimprenelle sentit la brise froide de l'hiver lui manger le visage, elle remonta son col et son écharpe, dans une semaine c'était Noël, elle avait du travail.

Elle devait aller à Bangkok acheter une fillette à ses parents pour un sombre trafic d’organe.