Sun Tzu, l’art de la guerre article douze, De l'art d'attaquer par le feu.
Eglantine apporta le journal à la table numéro 6, en prenant soin de la plier soigneusement. Elle manipula avec soin le torchon de papier avant de le présenter à la jeune fille, du genre coincé qui le lui avait demandé.
Elle le tendit avec un sourire, puis retourna dans la première salle pour flâner du côté du bar au cas où il y aurait du travail.
Midi le coup de feu est parti, le bar est bondé de monde, toutes les tables sont prises. Les gens sont calmes trop calmes, se dit elle en regardant innocemment les clients.
Ils attendent….Eglantine aussi.
Elle avait rendez vous dans le bar dans lequel elle travaillait. Un homme lui avait passé un contrat ,un gros contrat….
Elle balaya d'un œil panoramique les moindres détails. Elle cherchait cette homme qui sur sa messagerie vocal, un e-mail relié vocalement à son répondeur avait laissé un message du genre lucratif.
"Veuillez coller deux enveloppes en kraft que vous trouverez demain matin dans votre boîte à lettres sous les tables 10 et 4"
Original ! Quand on l'appelait d'habitude ,ce n'était pas pour ce genre de travail mais le vrai boulot suivait…..
Et comme par hasard il lui avait donné rendez-vous là, sur son lieu de travail, ou plutôt celui qui lui servait de couverture.
Coïncidence ?
Elle ne savait pas.
Eglantine était extrêmement positive, elle ne pensait pas police, ni détective privé ou public, non, elle se disait qu'il s'agissait du hasard, seulement du hasard.
Elle posa son plateau sur un coin du bar et vit le barman loucher sur son derrière. Ses fesses l'attiraient, elle le savait, elle n'avait que trop endurer ce gros porc qui lui pelotait les miches en guise de réconfort pour sa libido.
Un jour je te caserai une balle dans la tête, mais certainement pas gratuitement, j'attends qu'un enfoiré mettent un contrat sur ta tête et je t'explose avec une ristourne en cadeau.
Eglantine savourait ce moment de réconfort ,de discussions intenses qu'elle avait avec elle-même.
Eglantine était un tueur à gages, un tueur de la pire espèce, un de ces tueurs dont on ne voit rien venir. Une jolie gamine étudiante d'université, en philosophie, qui trace en rollers, attirante, sportive et avec de grosses billes bleus en guise d'yeux.
Mais comme une bonne professionnelle, Eglantine menait une double vie bien rangée: le jour, elle faisait croire qu’elle était une étudiante, serveuse en face dans un bar de la fac, situé en plein milieu de Tours et la nuit, elle était soldat de fortune.
Comme elle disait, les études coûtent cher, alors il faut bosser énormément.
Eglantine sourit, c'était son métier de sourire, de rester polie et de donner le change histoire d'encaisser des pourboires, pour boire, et de décrocher quelques clients pour son travail de la nuit. On ne sait jamais.
Elle empoigna son plateau et se dirigea vers l'avant du bar pour récupérer les tasses en n'oubliant pas de secouer des fesses, histoire que le gros porc reluque le matériel.
A force de malaxer il finirait bien par se lasser.
Le carillon de la porte résonne, des gens entrent.
Eglantine, tourne les yeux, elle voit un homme ouvrir la porte, une femme passe et le remercie du coin de la tête, comme pressée.
Eglantine les laisse passer , chacun des deux se dirige vers l'arrière salle, la femme la première regarde en vitesse, jette un coup d'œil , mais elle semble plus attiré par la table N°1 où un homme gribouille ,écrit sur un cahier depuis déjà une heure. Elle finit par chercher une place mais aucune n'est libre, elle s'assoit au bar et attend le patron.
L'homme quant à lui se dirige tout de suite dans le fond de l'arrière salle il a reconnu quelqu'un.
Certainement la femme aux cheveux bleus et à la petite fille pensa Eglantine, elle attend depuis déjà un bout de temps !
Eglantine, une fois les deux tourbillons passés, se dirige vers sa cliente qui vient de commander.
La table numéro 10, celle où quelques heures auparavant avant l’ouverture, elle avait collé, comme lui avait demandé son employeur, une enveloppe, comme la table numéro 4 où une autre enveloppe se situait, elle aurait bien voulu savoir, mais le secret professionnel et la justesse avec le client étaient primordiaux dans son métier.
L’intermittence du massacre passe déjà par un bon feeling avec son client, tout bon commercial le sait.
Eglantine fonce au bar pour aller chercher la quatrième café de la 10, cette jeune femme de la table 10 qui d’ailleurs parait malade, nerveuse, triste bref mal . Eglantine le sent et elle éprouve du remord elle sait que cette fille ne doit plus être triste, elle le sait.
- Tu me fais un café pour la 10 dit elle au patron machinalement.
La machine grogne automatiquement, la tasse atterrit ainsi que le ticket de caisse dans son plateau et machinalement sans un regard pour le chef, elle fonce vers la 10, sentant bien qu’il regardait son cul se dandiner la bave à la bouche.
Elle s'approcha de la table en esquivant la gamine et les chaises qui traînaient sur son passage. Pour enfin atterrir devant la jeune fille qui avait les yeux gonflés par les larmes. Eglantine n'osa pas la regarder, elle aurait pu lui dire, lui avouer, que cette nuit elle avait tué l'homme qui la rendait si malheureuse, qu'un inconnu avait payé un lourd contrat pour tuer une ordure, un sale type…
Vous tuerez l'homme en photo …il s'agit d'un docteur je crois, vous trouverez son nom, cherchez son adresse et ça profession exacte. Vous trouverez un dépôt de quarante mille dollars sur trois de vos comptes."
Un contrat comme celui-ci ne se refuse pas….sauf quand…
Eglantine décida de mettre un peu d'ordre sur cette table, elle posa son plateau et voulut écarter l'enveloppe, mais la jeune fille l'empoigna aussitôt.
Eglantine, se doutait de ce qu'elle contenait, sûrement des photocopies salaces de ce type, qu'elle avait buté,et avec lesquelles il voulait faire chanter la jeune femme. Elle ne fit pas attention à ce geste et continua sans rien dire, elle voulut écarter le paquet de cigarettes, mais le fille fit de même.
Eglantine voulut la gifler mais elle se retint.
- Pardon je ...
La fille venait de se rendre compte de sa bêtise, qu 'églantine ne faisait que son travail, qu'elle ne voulait que passer un coup de chiffon et basta.
Eglantine sourit et pensa au moment où elle avait collé le flingue dans la nuque de ce salopard et lui avait explosé le crâne...si tu avais pu le faire ma grande se dit-elle en pensant à cette fille qui ne devait pas être plus vieille qu'elle, tu te sentirais libre aujourd'hui.
Puis la serveuse habituée passe un coup de chiffon sur la table avant de poser une nouvelle tasse de café et un nouveau ticket de caisse.
Puis églantine retourna près du bar, près du vieux porc, celui là même qui lui demandait d’allumer ses clients de s’habiller court. Il reluquait la moindre pétasse, mais n’ignorait pas qu’Eglantine était dangereuse, il ne savait pas pourquoi.
Mais elle était différente.
Eglantine posa son plateau et se reposa, observant en face cette femme qui au comptoir semblait parler à quelqu'un.
- Mademoiselle une autre bière !
La vielle à l'accent allemand de la table N° 11 !
Eglantine fit un signe du visage pour dire qu'elle avait bien compris la commande et se tourna vers le patron qui tournait en rond devant toute ces femelles qui l'entouraient.
Le barman s’approche et lance une blague à sa serveuse.
-Tu connais le bout de viande qui entoure le vagin ?
Elle connaît la réponse mais ne veut pas la dire, elle joue le jeu, le terrible jeu de l'hypocrisie. elle le regarde avec intérêt et pense à ce jour où son crâne explosera.
Eglantine ne répond pas, elle est blasée, le barman est un beauf, qui n’arrête pas de regarder en direction de la cuisine où sa femme s’active à prépare le repas du jour. Un ancien militaire, un marin.
Lui,sourit.
Elle veut que ce jour là il pleure, crie, chiale et pisse, chie dans son froc de bâtard.
Elle a l'habitue,elle fait l’innocente et laisse dire.
Elle sourit.
Le barman attend sa réponse et pendant ce temps se met à presser un café dans le percolateur, la machine broie le grain, puis fait couler le liquide noir. Il se retourne, lui fait signe de la tête pour lui demander si elle a trouvé la solution. La fille fait signe que non, et asticote son plateau.
- la femme répond-il fièrement .
Une femme rigole.
La table N°4. La femme de la 4 rigole, elle est si différente de la gamine en face et pourtant c'est le même contrat, le même type qui est mort, une pierre deux coups….
Le patron alors dévisagea la femme, sapée comme un homme, un portable à la main, un attaché case en face, une femme d’affaires. Elle paraît si éloignée de ces problèmes, elle a une enveloppe collée sous sa table, une enveloppe dont seule églantine connaît le contenu.
"Vous photographierez le type mort, vous possédez un appareil photo numérique vous agrandirez un maximum et vous glisserez la photographie dans l'une des deux enveloppes kraft, dans l'autre vous trouverez 10 000 francs en liquide pour acheter votre arme et les munitions et un complément en guise d'argent de poche.
Bonne chance "
Un généreux client qui a soulagé la conscience de deux femmes, c'est rare, elle savait qu'il serait là, elle connaissait ce genre de type, il voulait savourer sa victoire; il était là.
Il força un sourire et se rangea pour enfin pomper la bière qu’Eglantine attendait déjà depuis longtemps?.
Aujourd’hui la serveuse est fatiguée, elle manque de sommeil, son travail de cette nuit, fut, complexe, elle a dû tuer un dentiste, de sang froid, pour enfin finir par le photographier, développer les photos sur son ordinateur et faire plusieurs tirages avant d’en envoyer un par e- mail à son employeur.
Une fois les tirages sortis sur son imprimante, elle a dû les joindre avec d’autres photos plus ou moins salaces dans chacune des deux enveloppe qu’elle colla le matin même dans le bar, et aux endroits précis laissés par son drôle de client.
Comment pouvait il savoir que ces femmes s’assiérait là ?
Et comment les préviendrait-il ? Et pourquoi ? Etait-il l'amant de l'une d'elles, de la femme d'affaires certainement ?
Trop de questions auxquelles Eglantine ne put répondre, mais elle était trop heureuse de gagner son fric et son seul souci était de partir au plus vite, pour prendre un bain et se coucher.
Chaque pore de sa peau sentait le mort, et la sueur. Elle n’avait pas dormi, pas arrêté de courir cette nuit, elle n’en pouvait plus et son seul désir, en ce moment était de buter son patron, ce salace pervers, qui lui faisait des avances tous les matins et qui de temps en temps en profitait pour lui laisser quelques mains au panier.
Elle le tuerait, elle se l’était promis?.
Déjà la patronne dans sa cuisine soupçonnait quelque chose.
Elle lui arracherait les couilles et les lui fourrait dans la bouche, comme plusieurs fois, il lui avait promis.
Elle ne voulait pas goûter à ses couilles !
Il les boufferait lui même !
- Tiens la bière est prête !
Elle se prélasse, l’allume et se repose un instant. Elle le hait.
Au moment de se tourner, la blonde lui rentre dedans.
Elle n’a rien vu venir, elle projette son plateau sur le sol et manque de tomber sur le coin du bar.
Une fausse fausse blonde !
Alors par réflexe et confuse elle s'excuse. mais la fille est ailleurs, elle est pâle, bouleversée, dans un autre monde
- Excusez moi, je ne vous ai pas vu fit elle comme revenue de ses rêves.
Eglantine pensa tout de suite aux yeux de son patron qui devait la foudroyer du regard
Elle se baisse aussitôt et ramasse les débris.
La fausse blonde alors aussitôt l’aide et s’agenouille à son tour.
- je suis vraiment confuse
Pour être confuse elle pouvait l'être confuse, Eglantine peste, elle passe un rapide coup de chiffon et commence à rassembler les bouts de verre sur son plateau, déjà le sol sent la bière et le café, le tabac froid et lui donne mal au cœur, ce n’était vraiment pas son jour.
Puis églantine en tournant et en tentant de récupérer un bout de verre situé sous le pied de la fausse blonde, voit par inadvertance, une crosse de magnum, elle connaît que trop bien les armes et surtout cette crosse de revolver, si...émoustillant au touché, puis continuant son inspection sans que la porteuse ne le remarque, elle trouva une paire de menottes.
La fausse blonde est flic, elle est en planque, d’où cette perruque monstrueuse.
Elle pense aussitôt : Et si c’était pour elle ? Si c'était pour l'arrêter pour homicide volontaire ?
Eglantine effrayée accélère l’allure et la fausse blonde le remarque
- Ca ne va pas.
- Si,si, mais je dois me dépêcher.
La fausse blonde porte la main à son oreille.
Elle est en liaison pense aussitôt Eglantine, puis machinalement tel un robot, la flic se relève et saute sur l’homme en face comme un prédateur.
Eglantine s’écarte effrayée et bousculée par une autre femme, celle du bar, qui machinalement attrape le même homme qui bascule de sa table au sol.
Elles sont venues pour lui.
Les femmes l'arrachent de sa table, qui bascule et l'écrasent au sol.
La deuxième lui plante une seringue dans le bras, et se relève.
Eglantine forte d’émotion, en sueur de frayeur croyant bien son heure arrivée alors respire, puis se rend compte que l’homme qu’elles tiennent est fouillé aussitôt, elles cherchent une arme, quelque chose, la jeune femme flic qui a perdu sa perruque dans l’action qui n’est pas blonde mais rousse sort alors une enveloppe de la poche arrière. Une enveloppe qui contient des dessins, des croquis.
Mais une enveloppe en papier Kraft, du même format, avec les même rabats que celles qu'elle avait dû cacher.
Eglantine alors comprend, elle regarde sa montre, il est midi passé, son employeur a dû virer l'argent sur ses comptes.... elle est persuadée que cet homme est son employeur.
Morte de trouille, elle se dirige doucement vers le bar, d’autres policiers arrivent
Et si ces deux femmes étaient venues pour elle, pour trouver, Nicky la tueuse.... en coinçant son employeur elles auraient pu la coincer.
Elles devaient enquêter sur la mort du dentiste, elles ont dû remonter sur elle. Une caméra de surveillance dans le salon, où elle a commis le crime, son employeur qui avait commis une erreur ?
Eglantine alors disparut des 13 Pucelles, plus jamais personne ne la revit à Tours.
Le patron du bar fut retrouvé assassiner de manière odieuse, on lui avait coupé les testicules et la verge, il était mort étouffé par ses parties génitales dans un bar de rencontre. Avec pour seul message décrit sur un mur en face "voilà ce qu'un bout de viande autour du vagin est capable de faire."
Un avis de recherche, avec un portrait robot fut lancé pour meurtre, d'après un dessin retrouvé dans l'enveloppe de ce type arrêté au bar.
Jamais on ne put arrêter ce tueur,bien que l'on connaisse son identité, elle disparut à jamais.
Ce n’est que plus tard en vérifiant un compte à Zurich qu’elle se rendit compte que son client avait laissé dans un coffre au Lichtenstein, l’argent des crimes, et une enveloppe contenant un drôle de message et une photo, un visage qu’elle avait l’impression d’avoir déjà vu:
- Aujourd'hui Je te paye pour protéger Vinyle Rondelle de l’extrême droite : ils vont la tuer, pour tuer un des piliers du combat contre la phallocratie. Tu trouveras une nouvelle identité et un jeu de papiers dans une enveloppe en kraft dans un bar sous une table. Merci pour tout, à jamais.